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Qwant est un moteur de recherche français axé sur la confidentialité et la protection des données des utilisateurs. Qwant a des plans ambitieux pour battre un jour Google à son propre jeu. Fondé en 2013, le moteur a depuis grandi pour servir aujourd’hui 21 millions d’utilisateurs mensuels dans 30 pays. La base d’utilisateurs de Qwant a considérablement augmenté au cours de la dernière année, affichant une croissance de 70% d’une année à l’autre. Avec son intégration récente avec Firefox et le lancement imminent d’une application mobile, cette dynamique devrait se poursuivre.

Une histoire palpitante

Depuis plus de trois ans, la startup française Qwant tente de prouver qu’un moteur de recherche peut être efficace et rentable tout en respectant la vie privée et l’anonymat des utilisateurs. Après un démarrage lent et difficile, Qwant décolle enfin. La moitié des utilisateurs de la startup réside en France et 30% d’entre eux vivent en Allemagne. L’entreprise promotrice, qui dispose de bureaux et de serveurs à Paris et d’une équipe de développement dans la ville de Nice, emploie 60 personnes. La présence de la start-up en Allemagne est assurée par le groupe de médias Springer, qui détient 20% des parts de la société et est un partenaire technique important. Bien que Qwant soit encore un petit joueur par rapport au géant de la recherche Google, qui a une forte emprise sur le marché européen, Eric Leandri, cofondateur et directeur de Qwant se réjouit des chiffres « encourageants » du moteur de recherche made in France. Il attribue son intérêt pour sa startup aux Européens qui ne voulant pas être soumis à une surveillance de masse par des géants américains de l’Internet, cherchent une alternative fiable.

Un moteur de recherche préoccupé par la sécurité de ses utilisateurs

Tout comme le moteur de recherche DuckDuckGo, l’avantage concurrentiel de Qwant est la confidentialité. Il protège la vie privée des utilisateurs en ne suivant pas ce qu’ils font ou recherchent en ligne. Qwant ne collecte pas de données de navigation et ne fait aucun type de profilage de données.

Le moteur de recherche a actuellement plus de 31 catégories de recherche différentes. En plus des nouvelles, des images et des vidéos, Qwant propose des catégories telles que :

  • les médias sociaux,
  • la musique,
  • les emplois,
  • les voitures,
  • la santé et plus encore.

La société a également une philosophie unique : l’intelligence artificielle et les assistants numériques peuvent être éduqués sans avoir à collecter des données sur les utilisateurs. C’est une philosophie complètement différente de ce qui est partagé par Google, qui recueille toutes les informations disponibles sur les utilisateurs pour alimenter des produits comme Google Home et Google Allo.

Un fonctionnement radicalement différent

A première vue, Qwant est un moteur de recherche standard qui classe les résultats en catégories: web, actualités, réseaux sociaux, images, shopping, musique, mais en coulisses, il est différent de Google et des autres moteurs de recherche commerciaux. Qwant ne traque pas les utilisateurs à travers les cookies (les petits fichiers qui stockent des informations). Il ne collecte aucune donnée personnelle de navigation ou de localisation. Il ne profile pas les utilisateurs.

Le moteur de recherche ne sauvegarde même pas les adresses de sites web. Pour chaque nouvelle session de navigation, l’adresse IP du visiteur est cryptée et convertie en une séquence de caractères dans laquelle les nombres sont ajoutés de manière aléatoire, ce qui empêche le numéro original d’être retracé. En effet, les résultats suggérés ne sont pas basés sur le profil de l’utilisateur. Si deux Français tapaient la même requête, ils obtiendraient exactement les mêmes résultats puisque le moteur de recherche ne sait pas qui ils sont.

Qwant a créé un système d’intelligence artificielle appelé Iceberg pour sélectionner et prioriser le contenu. Les algorithmes d’Iceberg prennent en compte une série de critères tels que la qualité technique et éditoriale du texte ou de l’image, des liens vers la page, des commentaires et des mentions sur les réseaux sociaux, le comportement en ligne de l’utilisateur. Cependant, tout cela est subjectif, car les résultats sont neutres et aucun humain ne les corrige.

Un modèle économique viable et équitable

Il ne faut pas se méprendre à ce sujet, Qwant est là pour faire du bénéfice ! Il le fait à travers la publicité pay-per-click. Des partenariats avec TripAdvisor et eBay sont également en cours. Cependant, l’entreprise s’engage à équilibrer le profit en protégeant la vie privée des utilisateurs.

L’entreprise promet à ses utilisateurs qu’elle n’essaiera pas de les diriger vers un service spécifique au lieu du meilleur parce qu’elle aurait des intérêts commerciaux à le faire, ou filtrerait des résultats en se basant sur un agenda politique ou commercial. Sa promesse aux utilisateurs et à toute la communauté web est qu’elle sera juste avec tout le monde.

Qwant a également mis en place des mesures pour s’assurer qu’il reste responsable de ses promesses. Il a mis son code source à la disposition des agences de protection des données tierces afin qu’elles puissent continuellement vérifier que Qwant ne collecte pas de données sur ses utilisateurs.

Un moteur de recherche pro-européen

Qwant possède ses propres serveurs dans la banlieue parisienne. Pour une start-up, c’est un investissement énorme de plusieurs millions d’euros, mais ses fondateurs estiment que cela est essentiel pour garantir la sécurité et l’anonymat des utilisateurs. Les dirigeants de la startup ont affirmé qu’il n’était pas question d’utiliser les data centers soumis aux lois américaines qui autorisent la surveillance des données étrangères.

L’entreprise a collaboré avec la Commission Européenne en lançant une action en justice contre Google pour forcer le moteur de recherche à arrêter ce qu’il décrit comme un abus de position dominante. Qwant, qui fait également pression sur le gouvernement français, a reçu une réponse positive de nombreux responsables qui souhaitent voir une alternative européenne à Google.

A l’initiative de la secrétaire d’Etat française au développement numérique, Axelle Lemaire, plusieurs ministères ont testé l’efficacité de Qwant. Si le feedback est positif, les officiels devraient en faire leur moteur de recherche par défaut.

Des obstacles à surmonter

Tout cela est-il suffisant pour affronter le géant de la recherche? C’est impossible à prévoir pour le moment, mais il reste encore beaucoup à faire. Qwant a pas mal d’obstacles à surmonter. Tout d’abord, il faut que ses utilisateurs s’engagent davantage dans la recherche sur mobile. Actuellement, seulement 12% de ses utilisateurs effectuent des recherches via leurs smartphones.

Deuxièmement, Qwant doit être capable de s’étendre au-delà de Firefox. Actuellement, le navigateur Firefox (de la Fondation Mozilla) est le seul navigateur avec lequel on peut sélectionner Qwant comme moteur de recherche par défaut. Afin de devenir plus compétitif, il doit travailler à être listé comme moteur de recherche par défaut sur Chrome et Safari.