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Le gouvernement indien menace de poursuite judiciaire WhatsApp à la suite de canulars partagés sur cette application et qui ont provoqué des lynchages et des incidents mortels dans le pays. En effet, au cours de ces deux derniers mois, la diffusion de fausses nouvelles et de rumeurs sans fondement sur l’application WhatsApp, a coûté la vie à une vingtaine de personnes dans cet Etat d’Asie du Sud. Ces rumeurs faisant état d’une prétendue présence de ravisseurs d’enfants.

Crise de fausses nouvelles sans précédent en Inde via WhatsApp

Fake news en Inde Whatsapp

Depuis le mois de mai, l’Inde est secoué par de fausses nouvelles meurtrières. Des canulars qui se sont propagés à travers WhatsApp, ont provoqué une série de lynchages par la foule, dans tout le pays.

Ainsi, des rumeurs sur cette application ont déclenché une vague d’agressions à la suite de textos autour des allégations d’enlèvements d’enfants. Ces rumeurs, à propos de la présence de prétendus ravisseurs d’enfants, ont couté la vie à au moins 22 personnes selon la presse indiennes au cours de cette année. Ces massacres ont été perpétués à la suite d’une série de textos diffusés via WhatsApp dans les langues régionales pour avertir les habitants relativement à la présence d’étrangers qui seraient des trafiquants d’enfants et pourraient enlever les nourrissons et les enfants pour les vendre ou pour prélever leurs organes. Ces fausses nouvelles, amplifiées par WhatsApp ont gagné du terrain dans plusieurs régions du pays avec des conséquences dramatiques.

Vague de violences

Soupçonnées d’être des ravisseurs d’enfants, plusieurs personnes ont été frappées avec des coups de poings, de pieds, des bâtons ou lynchées par une foule. Certaines d’entre elles ont été agressées ou blessées plus ou moins gravement, d’autres  victimes sont mortes, dans plusieurs régions du pays.

Le 11 mai, dans le sud de l’Etat du Tamil Nadu, une femme a été lynchée à cause des rumeurs sans fondements selon lesquelles elle serait un membre du gang qui enlève les enfants. Un homme a connu une fin dramatique dans la même province le même jour : attaché à une potence, il a été battu à mort.

Le 22 mai, l’Etat de Telangana a enregistré deux incidents meurtriers. Au sein de la capitale de cet Etat (Hyderabad), une femme a été lynchée, le 27 mai.

D’autres incidents avec parfois des issues tragiques ont secoué d’autres régions au cours du mois de juin. Le 8 juin, la foule s’est déchaînée dans deux Etats, tuant deux personnes dans l’Etat de Maharashtra, et deux autres dans le nord-est de l’Assam.

Le 26 juin, l’État occidental du Gujarat a connu plusieurs épisodes de violences. Dans la ville principale de cet Etat (Ahmedabad), 4 femmes ont été violemment agressées par la foule. 3 ont été blessées légèrement, la dernière est décédée.

Cinq nomades de passage dans un village, ont été battus à mort par une foule dans l’ouest de l’Etat de Maharashtra, le 1er juillet.

La réaction du gouvernement indien

A la suite de ces massacres et des incidents meurtriers dans tout le pays, déclenchés par des rumeurs sur l’application, le gouvernement indien menace WhatsApp de poursuites judiciaires. Dans une déclaration publiée par le biais du ministère des technologies de l’information, le 19 juillet, le gouvernement s’en prend à WhatsApp qui n’a pas mis en œuvre des mesures appropriées en présence des fausses nouvelles diffusées à travers sa plateforme. Ayant été le canal par lequel les rumeurs ont été propagées, pour le gouvernement, WhatsApp doit rendre des comptes puisque sa responsabilité est engagée. Ainsi, le gouvernement déplore cette absence de réponse appropriée de la part de WhatsApp face à cette vague d’agressions et de meurtres. WhatsApp aurait, ainsi, adopté l’attitude d’un spectateur par son manque de réactivité, et pourrait, de ce fait, être traduit en justice.

La réaction de WhatsApp

Face à ces rumeurs meurtrières et aux fausses informations qui ont circulé sur sa plateforme, WhatsApp, sous la pression du gouvernement, a annoncé une série de mesures. Il s’agit de la suppression de la possibilité de transférer d’un coup un message à plusieurs discussions à la fois. Aussi, WhatsApp teste en Inde, une limite de cinq transferts par message alors qu’elle est de 20 dans le reste du monde, ainsi qu’un dispositif pour marquer les messages transférés en vue de signaler si un message a été transféré ou écrit par l’envoyeur. L’application WhatsApp a, également, initié une campagne de presse, en faisant paraître des annonces d’une page entière dans les journaux dans le but de mettre en garde contre ces canulars.

WhatsApp est une application qui permet d’envoyer gratuitement, par le biais d’un forfait permettant d’avoir accès à Internet, des messages, des photos et des sons à un ou plusieurs contacts. Ce système de messagerie instantanée, propriété de la société américaine Facebook, est très populaire en Inde. On estime à plus de 200 millions, le nombre d’utilisateurs actifs mensuels dans cet Etat d’Asie de 1,25 milliard d’habitants, avec plus de 500 ethnies différentes.