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Projet initié par Google, AMP, pour Accelerated Mobile Pages, vise à rendre plus fluide la navigation sur mobile en ayant recours à un certain nombre de technologies conçues et développées par le géant américain. Lancé en 2015, AMP a reçu un accueil très favorable de la part des utilisateurs qui apprécient la fluidité de la navigation introduite par cette technologie. Alors, Google AMP est-il en voie de devenir un standard ? Ce projet est-il unanimement accepté par l’écosystème du web ? C’est à cet ensemble de questions que nous allons tenter de répondre dans la suite de cet article.

Quelques mots sur Google AMP

Certains les ont probablement vus dans leurs propres résultats de recherche, mais ne les ont peut-être pas remarqués à moins de les chercher spécifiquement. Le projet Accelerated Mobile Pages, créé par Google, est un ensemble de normes open-source permettant aux webmasters de créer des pages web qui chargent beaucoup plus rapidement que les pages web «classiques» sur les appareils mobiles.

L’idée est de dépouiller les pages web de la plupart de ce qui rend le code HTML maladroit et lent à charger pour les appareils mobiles. Il peut s’agir des logos, entêtes et divers autres éléments d’identifications des sites. Pour créer un fichier AMP, il faut utiliser une version simplifiée et mise à jour de CSS et les codeurs doivent abandonner presqu’entièrement JavaScript, un outil qui a révolutionné la création de pages web dynamiques. Le projet AMP contient des tonnes de tutoriels qui expliquent en profondeur comment s’y prendre, mais pour l’instant, tout ce qu’il faut savoir, c’est que les sites AMP sont des versions allégées des pages web traditionnelles.

Les raisons pour lesquelles AMP pourrait devenir un standard

AMP permet aux visiteurs d’accéder plus rapidement aux pages web qu’ils visitent grâce à un code optimisé, à la mise en cache et au performant réseau mondial de diffusion de contenu (CDN) de Google. Le chargement rapide des pages augmentera probablement les taux de conversion et donnera un petit coup de pouce dans le référencement des sites web d’entreprise.

Google a annoncé le passage à un référencement basé sur les versions mobiles des sites web. Cela est susceptible de se produire autour de 2018. Cela signifie que la version desktop des sites web ne déterminera plus leur classement. Au lieu de cela, le site web mobile assumera ce rôle. Adopter l’AMP peut aider à s’y préparer.

De plus, Google fait la promotion des sites web AMP dans ses pages de résultats. Pour les sites d’information qui emploient AMP Google, il est possible que le site affiche un carrousel d’actualités. Pour les pages normales, Google peut afficher l’éclair AMP sous le résultat. Donc, en plus d’une bonne expérience mobile, AMP offre également une attention supplémentaire dans le classement de Google.

Les raisons qui pourraient freiner la standardisation de Google AMP

En plus de frustrer les codeurs et éditeurs qui pourraient se sentir « dépossédés de leurs contenus, fruit de leurs labeurs », les AMP ont des fonctionnalités limitées. Les images et les vidéos sont disponibles et ne sont chargées que lorsqu’un utilisateur les fait défiler, mais on est limité dans la façon dont on choisit de coder sa page et les types de fonctions qu’on peut mettre à la disposition des utilisateurs. C’est bien pour certains types de contenu, mais les webmasters auront toujours besoin d’un certain degré de flexibilité pour créer les sites qu’ils veulent.

Les AMP ne fonctionnent que sur les mobiles. L’optimisation mobile et le marketing mobile restent les principales préoccupations des marketeurs, mais ils ne sont pas les seules. Les AMP sont nécessairement disponibles uniquement pour les utilisateurs mobiles, or il y a toujours une part importante de personnes qui utilisent des ordinateurs de bureaux pour accéder au web. Se concentrer exclusivement sur les AMP les aliénerait complètement, et ce n’est pas une transition que les utilisateurs ou les influenceurs technologiques sont prêts à faire, du moins pas pour les prochaines années. Honnêtement, le web se porte très bien sans les pages AMP puisque les pages responsives non-AMP se chargent déjà rapidement sur des navigateurs qui se respectent.

Contrairement à ce qui est annoncé tambour battant, les éditeurs partenaires publicitaires de Google qui adoptent les pages AMP l’apprennent à leur dépens : ces pages tant vantées par le promoteur n’apportent pas forcément un plus en termes de revenus, c’est souvent le contraire. Désormais très faciles à mettre en place au moyen d’un bout de code, les pages AMP s’inscrustent insidieusement au risque de bouleverser l’existant. Si les pages AMP sont vraiment profitables, elles le sont pour Google car il est difficile pour les éditeurs et codeurs de se retrouver dans ce « panier à crabe ». Fort heureuement, il est possible de s’en séparer après un nettoyage minutieux.

Il convient de noter que ce nouveau format a été lancé sans l’approbation du W3C, qui, comme tout le monde le sait, agit comme un conseil avisé et est responsable de la régulation d’Internet de manière ouverte et indépendante. Le respect tacite du rôle du W3C sur le net permet souvent de nouveaux formats qui peuvent apparaître comme des standards techniques, largement utilisés. En contournant le W3C, Google prend le risque de voir le format AMP disparaître rapidement. Pour se ressaisir, ses experts conseillent d’associer les pages AMP aux Progressive Web Apps (PWA) qui, elles, sont approuvées par le W3C.

Le projet AMP représente en soi une initiative très noble, sans pour autant être une référence. Réduire les délais de chargement qui pourrissent la vie aux internautes est une chose sur laquelle nulle ne saurait cracher. En ciblant spécifiquement les contenus mobiles, Google a eu le nœud creux, car les mobiles ont déjà supplanté les ordinateurs en termes de navigation sur le web. Cependant beaucoup craignent que l’AMP ne mette un frein à la créativité qui est le vrai moteur de la croissance du web. En plus de cet appauvrissement, certains craignent une main mise de Google sur la production et la diffusion de contenus sur le web. De par ses qualités, AMP a de bonnes chances de devenir un standard. Cette standardisation pourrait, cependant être contrariée si le géant américain ne prend pas en compte les préoccupations des éditeurs de contenu et des instances de régulation du web.